Les réseaux mutualistes et coopératifs dominent le paysage bancaire français, le Crédit Agricole en tête

12 juillet 2002 par
Les réseaux mutualistes et coopératifs dominent le paysage bancaire français, le Crédit Agricole en tête
Les Echos Etudes

Les Français utilisent les banques traditionnelles pour la gestion de leurs comptes, une minorité d’entre eux déclarant utiliser une banque virtuelle (1 %). Au premier rang des banques utilisées par les Français viennent les banques coopératives et mutualistes, qui bénéficient du maillage le plus dense sur le territoire. Viennent ensuite au même niveau La Poste et les banques « de réseaux » (AFB) comme l'indique notre étude de marché. Cette répartition traduit la multibancarisation des français, l’utilisation des banques ne correspondant pas aux parts de marché effectives des établissements (La Poste est sur-représentée du fait de l’importance du nombre de clients n’ayant qu’un Livret A et/ou un compte chèque postal). Les banques commerciales sont les plus nombreuses en nombre d’établissements. Il en existe 365 en France, dont 42 % sont français, mais tous ne possèdent pas de réseaux en France. Le nombre de banques commerciales en France a tendance à diminuer, mais les grands réseaux d’agences sont très actifs et sont en majorité français. Le nombre d’agences a tendance à rester stable et les deux réseaux principaux se partagent une grande partie des zones à forte densité de population sur le territoire (présence forte sur les zones urbaines notamment). Le Crédit Lyonnais a été contraint par les autorités européennes de fermer des agences au cours des dernières années. La politique d’ouverture d’agences du groupe est ambitieuse (150 agences entre 2002 et 2004, dont 40 nouvelles dès 2002) et devrait lui permettre de
rattraper son retard sur les deux autres « vieilles ». Les établissements mutualistes et coopératifs sont moins nombreux en nombre mais ont un réseau d’agences très développé et dense : les réseaux cumulés des banques mutualistes sont deux à trois fois plus importants que ceux des banques commerciales. A la différence des banques commerciales (exception notable : le CCF, qui dispose de banques régionales disposant d’une autonomie importante), ces établissements sont décentralisés et organisés en trois niveaux : national, régional et local. Au total pour les trois grands réseaux, le nombre de caisses régionales atteint environ une centaine. Ce chiffre
est en diminution tendancielle du fait de fusions de caisses :

• 45 caisses de Crédit Agricole prévues fin 2002 contre 94 caisses en 1988 ;
• 25 Banques Populaires régionales à la mi 2002 contre 30 deux ans plus tôt ;
• 16 fédérations contre 18 un an plus tôt au Crédit Mutuel du fait du rapprochement des fédérations de Bretagne, Sud-Ouest et Massif Central au sein du Crédit Mutuel Arkéa (ce dernier devenant le deuxième ensemble bancaire régional français) ;
• certaines Caisses d’Epargne souhaitent fusionner, à l’image de l’annonce en juin 2002 du rapprochement entre les Caisses du Limousin et de l’Auvergne.

Les établissements mutualistes et coopératifs ont des racines plus profondes dans les zones rurales du fait de leur histoire, mais ils tendent à conquérir les zones urbaines, sur le modèle du Crédit Agricole (croissance interne) ou du Crédit Mutuel (rachat du CIC). Au sein de cette catégorie, les Banques Populaires sont les seules à accroître significativement le nombre de leurs agences pour toucher la clientèle des particuliers, objectif prioritaire du groupe. La Poste est le réseau le plus dense en France. Le nombre des bureaux de poste s’élevait à plus de 17 000 en 2001 et le nombre de bureaux fournissant des services financiers s’établissait à 14 086 bureaux en 2001. Ces bureaux peuvent jouer le rôle d’une agence classique dans la mesure où tous les guichets peuvent effectuer des opérations courantes de
banque, donner de l’information et gérer les comptes à vue. Certains bureaux de poste bénéficient de conseillers en patrimoine ou en immobilier et peuvent fournir un important choix de produits d’épargne et d’assurances (vie). La Poste est toutefois contrainte dans son développement par le faible nombre de ses conseillers (7 222 fin 2001), la modération de ses tarifs (service public) et par l’interdiction qui lui est faite de consentir des crédits, à l’exception des crédits immobiliers adossés à des PEL. Ce qui permet d’expliquer le faible niveau de son PNB par agence (279 kEUR fin 2001 contre 1,5 MEUR pour le Crédit Agricole ou le Crédit Mutuel).
Les filiales de banques étrangères, qui représentent 58 % des banques commerciales AFB, sont peu nombreuses à disposer d’un réseau d’agences de détail en France. Leur localisation est très ciblée, dans des régions dynamiques, à fort potentiel patrimonial, et où la population est nombreuse (Paris, Rhône-Alpes, région PACA). Les réseaux d’agences étrangères sont en général très spécialisés (clientèle/gamme de produits). Les banques étrangères se positionnent sur des segments de clientèles où la concurrence est jugée moins forte, notamment les particuliers haut-de-gamme et les niches (expatriés britanniques en France, émigrants portugais…). Aussi, leurs réseaux d’agences sont numériquement très limités face aux grandes banques françaises. Leurs parts de marché sont marginales en France (de 1 % à 5 % selon les produits) et sont stables voire décroissantes. On observe une corrélation étroite entre les parts de marché effectives (mesurées en termes d’encours sur des produits d’épargne ou de crédits et plus encore en termes de dépôts à vue) et les « parts de guichet » des banques étrangères (2 % environ dans les deux cas).

Les réseaux mutualistes et coopératifs dominent le paysage bancaire français, le Crédit Agricole en tête
Les Echos Etudes 12 juillet 2002
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