PRODUCTIVITE : LA FRANCE PERD DU TERRAIN

Les indicateurs de la compétitivité de la France se sont dégradés en 2021. Un repli qui, selon Rexecode, s'explique, en grande partie, par la désindustrialisation de notre pays.
22 février 2022 par
PRODUCTIVITE : LA FRANCE PERD DU TERRAIN
LES ECHOS ETUDES
Les mesures de baisse des coûts des entreprises adoptées au milieu des années 2010, comme le CICE ou encore le Pacte de responsabilité, avaient permis de freiner la perte de compétitivité à l’œuvre depuis le début du nouveau millénaire en France. Malheureusement, note Rexecode dans son dernier bilan annuel de la compétitivité, depuis 2 ans, une nouvelle phase de dégradation s’est enclenchée.

Un déficit commercial en berne
Pour rappel, en 2021, le déficit commercial des échanges de marchandises de la France a atteint 85 Md€ contre 67 Md€ en 2020 et 58 Md€ en 2019. Le déficit de l’ensemble des échanges de biens et de services s’est, quant à lui, creusé de plus d’un point de PIB entre 2019 et 2021.
En cause, notamment, un repli des exportations françaises de biens. Leur part dans les exportations de biens de l’ensemble des pays de la zone euro est ainsi passé de 14,5 % en 2019 à 12,6 % en 2021, accusant une baisse de 1,9 point. Cette part « est en 2021 à son niveau le plus bas depuis 2000 », précisent les économistes de Rexecode. À titre de comparaison, sur la même période, la baisse s’est limitée à 0,8 point en Allemagne. Les parts de marché espagnoles et italiennes, quant à elles, ont progressé de 0,1 point et le reste de la zone euro de 1,9 point, essentiellement du fait du Benelux (+0,8 point pour les Pays-Bas et +0,4 point pour la Belgique).
Pour mémoire, la part française dans les exportations de biens de l’ensemble des pays de la zone euro était de 17,6 % en 2000.

Cuir, boissons et avions
Cette baisse des parts de marché à l’exportation concerne la quasi-totalité des catégories de produits manufacturés. Rexecode précise ainsi que seuls les secteurs du cuir (+5,3 points), des boissons (+2,4 points) et de l’aéronautique (+2,3 points) ont progressé en 2021. Tous les autres secteurs (automobile), produits alimentaires, chimie, bois, métallurgie, machines et équipements… se sont inscrits en repli. Même le secteur pharmaceutique français, portant très stimulé par la crise mondiale du Covid-19, a vu sa part dans les exportations de la zone euro reculer de 1,6 point en 2021.

La désindustrialisation de la France toujours à l’œuvre
Pour les économistes de Rexecode, même si la désindustrialisation de la France marque le pas, ses effets se poursuivent. Le nombre d’entreprises industrielles de plus de 20 salariés a ainsi baissé de manière continue entre 2000 et 2018. Année à partir de laquelle une période haussière s’est amorcée. Les effets de cette inversion de tendance, pour peu qu’elle perdure, ne se feront pas sentir avant plusieurs années.

En attendant, rappelle l’étude, la part de la France dans la valeur ajoutée industrielle de la zone euro a reculé de 4 points en 20 ans. Le repli est deux fois moindre en Italie sur la même période, alors que l’Espagne est proche de sa position de 2000 et que l’Allemagne a gagné 3,3 points. « Si la France avait maintenu sa part dans la valeur ajoutée industrielle de la zone euro à son niveau de 2000, le surcroît de valeur ajoutée serait – toutes choses égales par ailleurs – de 61 Md€, soit près de 2,5 points de PIB », rappellent les économistes de Rexecode pour mieux souligner les enjeux.
PRODUCTIVITE : LA FRANCE PERD DU TERRAIN
LES ECHOS ETUDES 22 février 2022
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