NOUVELLE CONVENTION PHARMACEUTIQUE : UNE FEUILLE DE ROUTE AMBITIEUSE POUR L'OFFICINE

Nouvelles missions, coopérations interprofessionnelles, évolution des rémunérations, virage numérique et développement durable : la lettre de cadrage du ministre de la Santé fixe les lignes directrices de la pharmacie de demain.
10 novembre 2021 par
NOUVELLE CONVENTION PHARMACEUTIQUE : UNE FEUILLE DE ROUTE AMBITIEUSE POUR L'OFFICINE
LES ECHOS ETUDES
Confirmer les orientations déjà prises au cours de ces dix dernières années, tirer les enseignements de la crise sanitaire et intégrer les nouveaux enjeux du numérique et de la transition écologique : telles sont les grandes orientations fixées par Olivier Véran pour les cinq prochaines années. Largement reconnus dans leur rôle de professionnels de santé de premier recours, les pharmaciens vont pouvoir capitaliser sur leur engagement dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et élargir le périmètre des services pharmaceutiques rémunérés par l’Assurance maladie. Le ministre invite à « une réflexion ambitieuse » sur les actions de prévention, de dépistage et de vaccination qui pourront être développées en pharmacie, permettant ainsi aux pharmaciens de s’inscrire pleinement dans les priorités nationales de santé publique. Quatre nouvelles missions sont d’ores et déjà évoquées : l’accompagnement des femmes enceintes, le suivi des patients diabétiques, le dépistage du cancer colorectal et la prise en charge du sevrage tabagique (la prescription des substituts nicotiniques par le pharmacien va faire l’objet d’une expérimentation à partir de 2022).

Deuxième axe prioritaire : l’implication plus active des pharmaciens dans les coopérations interprofessionnelles, au travers des équipes de soins primaires, des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou des communautés professionnelles de santé territoriales (CPTS). Une participation souvent complexe à mettre en œuvre sur le terrain, mais que le ministère de la Santé et l’Assurance maladie appellent de leurs vœux afin d’améliorer l’organisation des parcours patients et la coordination ville-hôpital des soins.

Accueil réservé sur la dispensation à l’unité
Troisième priorité : la promotion du bon usage des produits de santé et la lutte contre les « mauvaises pratiques » (consommation abusive de médicaments, inobservance thérapeutique…). Un volet qui revêt des enjeux forts, sur le plan économique notamment. La feuille de route de la nouvelle convention donne une place importante à la recherche de gains d’efficience, au travers notamment de la dispensation des biosimilaires et des médicaments hybrides. Si le développement de ces produits rencontre l’assentiment des syndicats de pharmaciens, il n’en est pas de même pour la dispensation à l’unité, qui rentre aussi dans le champ des négociations. Une évolution déjà entérinée pour les antibactériens à usage systémique, qui pourront faire l’objet d’un reconditionnement par les pharmaciens à partir du 1er janvier 2022 (il s’agit d’une possibilité donnée à ces derniers, et non d’une obligation). L’USPO s’y oppose, évoquant une tâche chronophage et coûteuse pour l’officine. La FSPF se dit plus ouverte, rappelant que cette dispensation à l’unité demeure, pour l’heure, optionnelle. Mais une généralisation à d’autres classes de médicaments et à certains dispositifs médicaux pourraient changer la donne.

Cap sur le numérique et la pharmacie « durable »
Comparées à la première convention de 2012, deux nouvelles thématiques apparaissent : la e-santé et le développement durable. Les pharmaciens sont ainsi invités à jouer un rôle actif dans la transformation numérique des soins : la lettre de cadrage évoque l’alimentation de l’espace santé du patient (ouvert à partir de janvier 2022), l’utilisation des messageries sécurisées afin de simplifier les échanges avec les autres membres de l’équipe soignante, la carte vitale dématérialisée et bien-sûr la e-prescription, qui va se déployer par étape jusqu’en 2024.

Enfin, thématique inédite qui n’a jamais été abordée dans le cadre conventionnel : l’impact environnemental de la pharmacie d’officine. Une question brûlante qui est encore peu prise en compte par la profession, tellement le sujet est vaste. Englobant des thèmes aussi divers que la gestion des achats et des livraisons, le tri et le recyclage des déchets, la réduction des consommations d’énergie, la dématérialisation des factures ou la suppression des produits comportant des ingrédients controversés (perturbateurs endocriniens par exemple), le développement durable à l’officine devra faire l’objet d’un véritable accompagnement pour aider les pharmaciens à s’engager dans cette voie.

Une feuille de route chargée et très ambitieuse donc. Les syndicats de pharmaciens espèrent néanmoins parvenir à un accord rapidement et signer le nouveau texte au plus tard début 2022, avant le démarrage officiel de la campagne présidentielle.

Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur les nouveaux modèles de la pharmacie d'officine.
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LES ECHOS ETUDES 10 novembre 2021
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