L’enseigne est-elle l’avenir de l’officine ?

24 juin 2015 par
L’enseigne est-elle l’avenir de l’officine ?
LES ECHOS ETUDES

Restant à l’écart des grands bouleversements de la distribution de détail (mais pour combien de temps encore ?), la pharmacie d’officine demeure un circuit très atomisé. Centrée sur l’évolution de son modèle économique et la préservation des marges sur le médicament remboursable, la profession évolue paradoxalement peu dans son organisation. Plus de 25 ans après l’apparition des groupements de pharmaciens, on dénombre toujours une soixantaine de réseaux, de taille extrêmement hétérogène en nombre d’adhérents, en critères d’adhésion et en couverture géographique. Seuls sept d’entre eux annoncent plus de 1 500 officines adhérentes, et il n’existe aucun groupement d’envergure européenne, mis à part Alphega (adossé au grossiste répartiteur Alliance Healthcare). Le mouvement de consolidation annoncé depuis plusieurs années n’a donc pas lieu. On observe même un foisonnement d’initiatives personnelles au niveau local (création de GIE), favorisé par l’apparition des nouvelles structures juridiques de regroupement à l’achat. Très peu de groupements optent pour des stratégies d’alliance ou de développement par croissance externe, ce qui atteste de la faible maturité du réseau.

Autre marqueur de cette faible maturité : la part relativement modeste des enseignes de pharmacies. Apparues au milieu des années 2000, au moment où la dérégulation de l’officine était d’actualité au niveau européen, 17 enseignes regrouperaient seulement 30 % des officines françaises, soit quelque 6 700 points de vente qui adhéreraient à tout ou partie des concepts d’enseigne qui leurs sont proposés. L’organisation en commerce coopératif et associé[1] reste donc limitée au sein du réseau officinal, alors qu’il s’agit d’une forme de commerce particulièrement dynamique dont le CA progresse depuis 2010 de 3 à 4 % par an, soit un différentiel positif de 1 à 2 point(s) avec l’ensemble du commerce de détail.  

Et pourtant, lorsque l’on interroge les pharmaciens titulaires, il ressort que les groupements apparaissent comme les acteurs les mieux placés pour accompagner les officinaux et les aider à s’adapter aux évolutions actuelles et à venir... Une reconnaissance en décalage avec leurs pratiques actuelles. La profession aurait intérêt à combler rapidement ce décalage si elle veut relever les grands défis de demain : développement du e-commerce, offensive des pure players de la vente en ligne (au premier rang desquels Amazon), mise en place de stratégies cross et omnicanal, automatisation des points de vente, digitalisation des services aux patients... Ces bouleversements ne pourront être abordés que si les pharmaciens adhèrent à des réseaux intégrés, disciplinés, ayant atteint une taille critique suffisante et capables de développer des concepts d’enseignes véritablement différenciants.

Source : Les Echos Etudes, Les stratégies des groupements et des enseignes de pharmacies en 2015, juin 2015

 

[1] Réseaux organisés sous forme de groupements constitués d’entrepreneurs indépendants, à la fois membres et actionnaires du réseau. Il s’agit d’une des plus anciennes formes d’organisation en réseau, majeure en France aujourd’hui. Les 84 groupements de commerçants associés identifiés par la FCA et leurs 42 677 points de vente généraient un chiffre d’affaires de près de 142 milliards d’euros en 2013. Elle représente 30 % du commerce de détail français avec une présence dans plus de 30 secteurs d’activité et toutes les régions de l’Hexagone.

L’enseigne est-elle l’avenir de l’officine ?
LES ECHOS ETUDES 24 juin 2015
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