[INTERVIEW] TOUT LE PARC CONSTRUIT AVANT 1997 EST UN MARCHE POTENTIEL

Sylvain Goncalves, président de Remove, ancien chef de travaux chez Vinci, a lancé son activité de désamiantage et de déplombage en 2016, et emploie aujourd'hui 140 salariés.
27 juillet 2023 par
[INTERVIEW] TOUT LE PARC CONSTRUIT AVANT 1997 EST UN MARCHE POTENTIEL
TIPHANEAUX Sabrina
Crédit photo : Stéphanie Marle photographe

Comment est née l’envie de lancer votre entreprise de désamiantage et
de déplombage ?

Sylvain Goncalves : je suis ingénieur dans le BTP de formation. J’ai fait une première carrière chez Vinci, au cours de laquelle j’avais plusieurs fois missionné des entreprises de désamiantage et de déplombage. Mais j’ai toujours eu beaucoup de difficultés à trouver des sociétés certifiées disponibles. Et l’offre n’était pas toujours au niveau. En parallèle, cela faisait 11 ans que j’étais dans le groupe et j’avais besoin de faire autre chose. Fin 2015, j’ai donc décidé de lancer ma propre activité de désamiantage et de déplombage. C’est un marché qui a le vent en poupe.

C’était une vocation de vous lancer un jour comme entrepreneur ?

S. G. : paradoxalement, non ! Mes parents étaient à leur compte et, pendant toute mon enfance, ils m’ont répété qu’il valait mieux intégrer une entreprise, car la vie d’indépendant était compliquée. Mais la rencontre avec mon épouse a changé la donne. Elle m’a donné confiance et m’a aidé à sauter le pas.

Comment démarre-t-on de zéro dans le désamiantage ?

S. G. : en se formant ! La première étape a été d’obtenir ma certification pour exercer ce métier. C’est obligatoire. À cette occasion, j’ai découvert un univers ultra rigoureux, très normé, qui me correspond tout à fait. Cela m’a vraiment conforté dans mon choix. Une fois la certification obtenue, j’ai réellement pu démarrer l’activité à l’été 2016.

La demande a-t-elle été tout de suite au rendez-vous ?

S. G. : oui, car nous avons su saisir les opportunités. Les sociétés de désamiantage et de déplombage sont les premiers acteurs à intervenir sur un chantier de rénovation ou de réhabilitation. Les clients attendent de nous que nous soyons réactifs car toute la chaîne en dépend. Nous avons répondu très rapidement aux demandes et ça a fonctionné.

Près de 7 ans après sa création, où en est Remove aujourd’hui ?

S. G. : on a démarré l’activité à 4. C’est le minimum pour pouvoir exercer ce type de prestations. Puis, rapidement, nous avons fait nos premières embauches. Au début, c’était stressant car nous ne savions pas si l’activité allait continuer à se développer. Nous allions vers l’inconnu. Mais la croissance s’est bel et bien poursuivie. Nous comptons près de 140 collaborateurs aujourd’hui pour un chiffre d’affaires de près de 15 M€.

Qui sont vos clients ?

S. G. : majoritairement les grands groupes du bâtiment. Nous répondons aussi à des consultations publiques pour intervenir sur des bâtiments ou des monuments historiques.

À quel horizon pensez-vous que le désamiantage du parc français sera achevé ?

S. G. : c’est une grande inconnue car même pendant les travaux nous trouvons de l’amiante qui n’avait pas été repéré par les diagnostiqueurs. Tout le parc construit avant 1997 est un marché potentiel. Cela devrait nous occuper entre 30 et 50 ans selon certaines estimations. Mais nous préparons aussi l’après.

Comment préparez-vous cet après ?

S. G. : nous diversifions nos activités pour moins dépendre de l’amiante et proposer une offre globale en réhabilitation/rénovation. Nous avons étendu notre offre au traitement des façades des monuments historiques, il y a un an. Nous traitons et nettoyons les pierres tâchées par la pollution au plomb pour les rendre comme neuves. Nous avons de belles références comme le musée du Louvre. Et avec les JO, la demande est forte. Nous avons aussi lancé, fin d’année dernière, l’activité de démolition structurelle en réhabilitation. C’est très spécifique, beaucoup plus complexe que la dépollution de bâtiments qui vont être rasés car nous, nous travaillons en milieux occupés. Nous croyons beaucoup en ce marché. Le démarrage est très prometteur.

Que représentent ces nouvelles offres dans votre activité aujourd’hui ?

S. G. : elles progressent rapidement. Initialement notre activité était répartie à 50/50 entre désamiantage et déplombage. Désormais, le traitement de façades représente 10 à 15 % de notre activité et la démolition plus de 15 %. Le reste se répartit pour moitié entre le désamiantage et le déplombage.

Vous appuyez-vous sur d’autres relais de croissance ?

S. G. : nous nous tournons aussi vers l’international. La France est très en avance sur le désamiantage. Ce savoir-faire est précieux dans d’autres pays. Nous avons commencé par une première implantation à Montréal, au Canada, en 2020. Ce n’était malheureusement pas la meilleure période pour se lancer, mais l’activité démarre désormais.

D’autres pays sont-ils en vue ?

S. G. : oui, d’autres projets seront menés. La proximité des États-Unis avec le Canada, notamment, ouvre des opportunités. Mais nous nous rendons compte néanmoins que le déploiement à l’étranger est plus lent et plus compliqué que ce que nous imaginions. Nous voulons prendre le temps de bien faire les choses.

À plus court terme, comment vivez-vous la crise du BTP qui est survenue ?

S. G. : fin 2022, nous avons subi une baisse d’activité. Ces derniers mois, nous faisons face à des délais de décisions beaucoup plus longs. Les demandes sont là mais les projets peinent à se concrétiser. Les financements sont plus compliqués à obtenir. Et au vu des dernières annonces de l’État, les choses ne vont pas dans le bon sens. De notre côté, nous devrions pouvoir maintenir notre chiffre d’affaires grâce au développement de l’activité de démolition. Sa croissance permet d’amortir la chute de la demande dans les autres métiers. Nous allons accentuer nos investissements sur cette partie.

Fiche d’identité
Dénomination : Remove
Activité : désamiantage, déplombage, traitement de façades, démolition en réhabilitation
Création : 2016
Effectif : 140 collaborateurs
Web : https://groupe-remove.com

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TIPHANEAUX Sabrina 27 juillet 2023
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