[INTERVIEW] "NOUS VOULONS FAIRE DE L'OCCASION UNE NORME"

6 mai 2021 par
[INTERVIEW] "NOUS VOULONS FAIRE DE L'OCCASION UNE NORME"
BERVILY Elodie

Trois étudiants ont créé une plate-forme pour acheter et vendre des livres d’occasion. Interview d’Alexandre Taillandier, un jeune entrepreneur de 24 ans.

Comment est née La Bourse aux Livres ?

Alexandre Taillandier : tout a commencé lorsque Tom Castano, Dorian Lovera et moi étions encore étudiants à Lille et cherchions à revendre nos manuels scolaires. Nous ne trouvions pas de solution simple et fiable pour cela. Car vendre ses livres est compliqué, chronophage et les solutions existantes ne sont pas toujours faciles d’utilisation. Nous avons donc décidé de créer, en juillet 2019, La Bourse aux Livres afin que les étudiants nous confient leurs livres scolaires pour les vendre. Face au succès rapide de notre démarche, nous avons étendu le projet en janvier 2020 au grand public.

Vous fonctionnez sur le modèle du dépôt-vente ?

A. T. : tout à fait. La Bourse aux Livres est un dépôt-vente en ligne. Les utilisateurs nous confient leurs livres et nous nous chargeons de les vendre. Nous prélevons une commission fixe sur le bénéfice de la vente qui est reversé au vendeur. Il est donc dans notre intérêt commun de vendre le livre au meilleur prix et le plus rapidement possible. Nous voulons revaloriser le plus grand nombre de livres d’occasion en proposant un service transparent et très simple d’utilisation.

Concrètement, comment fonctionne votre service ?

A. T. : l’application La Bourse aux Livres permet aux vendeurs, via le scan du code-barre de leurs livres, d’estimer tout de suite leur valeur, puis de nous les confier pour qu’ils soient vendus au meilleur prix. Notre application propose, en effet, à l’utilisateur une estimation directe de son gain, déduction faite de notre commission et des frais de transport et de logistique.
Nous avons développé un algorithme de recherche de la valeur actuelle d’un livre donné sur internet afin de déterminer avec précision le prix auquel nous allons pouvoir le vendre.

Vous réceptionnez et stockez les livres mis en vente ?

A. T. : l’utilisateur reçoit un bordereau et dépose gratuitement son colis dans l’un des Points Relais Mondial Relay situés en France ou dans un magasin Fnac partenaire. Les livres arrivent à notre entrepôt, à Pantin (93), où leur qualité est vérifiée. Ils sont majoritairement de bonne qualité. 67 % des livres proposés à la vente sont sans défaut, dans un état proche du neuf. Nous les mettons ensuite en vente 3 à 5 fois moins cher que le neuf. Ils sont commercialisés sur notre boutique en ligne ainsi que sur plusieurs places de marché : Fnac, eBay, Amazon, Cdiscount et Rakuten. En multipliant les canaux de vente, nous touchons une audience de plusieurs millions de clients et maximisons ainsi nos chances de vendre les livres rapidement. Quand un livre est acheté, la commande est traitée et expédiée en 24h. Le vendeur reçoit ensuite son argent par virement bancaire.

Que deviennent les livres que vous ne vendez pas ?

A. T. : les utilisateurs nous confient leurs livres pour une durée de 1 an. Si, à la fin de ce mandat, les livres ne sont pas vendus, l’utilisateur peut les récupérer, directement par envoi à son domicile pour une participation forfaitaire de 4 €. Il peut également en faire don à l’association Bibliothèque Sans Frontières. Aujourd’hui, nous revendons un peu plus de 80 % de l’ensemble des livres que nous recevons.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

A. T. : de nombreux acteurs du marché du livre d’occasion rachètent les livres pour ensuite les revendre. Si le paiement est plus rapide pour les utilisateurs, car ils n’ont pas à attendre que leurs livres soient revendus, leur rémunération est bien plus faible. Notre modèle de dépôt-vente permet de proposer des gains 2 à 3 fois supérieurs.

Qui sont vos clients ?

A. T. : les personnes qui utilisent le plus notre service sont âgées de 30 à 50 ans. Mais les moins de 25 ans représentent un quart de nos utilisateurs, avec un attrait particulier pour les mangas, les bandes dessinées et les livres pour enfants. Toutes tranches d’âge confondues, le livre jeunesse est la catégorie la plus vendue, devant les romans et les livres spécialisés.

Comment se porte votre activité ?

A. T. : notre entreprise connaît une croissance très rapide. Au cours de 2020, nous avons vendu 130 000 livres et réalisé un chiffre d’affaires de 1 M€. Notre succès tient au fait que nous apportons un service très simple d’utilisation sur un marché du livre d’occasion en cours de digitalisation. C’est ce qui fait notre force aujourd’hui sur le marché.

La crise sanitaire a-t-elle boosté votre activité ?

A. T. : la crise a eu un impact très positif sur notre activité. Les gens se sont retrouvés chez eux et ont profité des périodes de confinement pour ranger leur logement et faire le tri dans leurs affaires. Cela nous a permis d’avoir beaucoup d’utilisateurs et de livres à vendre, mais également beaucoup d’acheteurs qui ont, pendant cette période, retrouvé le goût de la lecture. De plus, cette crise a fait évoluer les comportements de consommation, notamment vers des pratiques plus responsables et a donc dynamisé le marché de l’occasion.

Quels sont vos projets de développement ?

A. T. : notre objectif est simple : faire de l’occasion une norme. Pour cela, il faut que nous réussissions à valoriser un maximum de livres. Nous avons pour ambition de vendre 1 million d’ouvrages en 2021 et de devenir l’acteur français de référence du livre d’occasion. À plus long terme, nous souhaitons nous développer en Europe, voire plus loin…

Fiche d’identité

Dénomination : La Bourse aux Livres
Activité : Dépôt-vente en ligne de livres
Création : juillet 2019
Chiffre d’affaires 2020 : 1 M€
Web : www.labourseauxlivres.com

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BERVILY Elodie 6 mai 2021
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