[INTERVIEW] NOUS DISPOSONS D’UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE !

18 janvier 2019 par
[INTERVIEW] NOUS DISPOSONS D’UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE !
KIM Sun

Après 13 ans comme cheminot, Pascal Nicolas quitte son poste pour assouvir sa passion des voitures anciennes et ouvre son premier atelier, PN Classic.

Comment est née votre passion pour les voitures de collection ?

Pascal Nicolas : mon intérêt pour les voitures anciennes remonte à très loin. Mon grand-père était tôlier formeur. Il fabriquait des pièces automobiles pour le compte de la société Valeo, qui s’appelait Ferodo à l’époque. Mon père, lui aussi, vendait des pièces détachées pour l’automobile. Très vite, il m’a fait participer à des petites réparations. C’est comme ça que ma passion est née.

Quel est votre parcours professionnel ?

P. N. : après le collège, j’ai fait un CAP de mécanique en alternance. À l’issue du CAP, j’ai intégré un garage en tant que mécanicien. Cependant, au bout d’une dizaine d’années, je ne me retrouvais plus dans ce métier. Il était devenu totalement inintéressant pour moi, car les automobiles avaient beaucoup évolué. Avant, les voitures pouvaient rouler très longtemps. Elles nécessitaient de la vraie mécanique : il fallait chercher les pannes, réparer les pièces. Aujourd’hui, les automobiles sont devenues presque jetables. J’ai alors décidé de changer de voie. Je suis devenu cheminot, puis conducteur de trains de marchandises à la SNCF où je suis resté pendant 13 ans. Mais ma passion pour les voitures anciennes a été la plus forte. C’est pourquoi j’ai fondé une association dans l’univers de l’automobile de collection, dont je suis devenu le Président.

Parlez-nous de votre association.

P. N. : elle s’appelle Reskoos. Le but était d’échanger et de partager autour des voitures anciennes et de permettre aux amoureux de vieilles voitures d’apprendre à les restaurer. Je donnais des cours de mécanique et nous réparions des automobiles de collection tous ensemble. Nous travaillions soit sur les véhicules des adhérents qui étaient en panne, soit sur des voitures achetées par l’association.
L’association fonctionnait très bien. Nous comptions une trentaine de membres. Et c’est eux, ainsi que mes amis, qui m’ont encouragé à monter ma propre entreprise. J’ai pu bénéficier du soutien de beaucoup de personnes qui me disaient : « Tu sais travailler, il y a de la clientèle qui est derrière, donc, fais-le ». Aujourd’hui, l’association existe toujours, mais elle n’est plus active. N’ayant pas vraiment de temps à y consacrer, je cherche, pourquoi pas, un successeur.

Comment avez-vous amorcé votre activité ?

P. N. : j’ai lancé PN Classic il y a un peu plus de 7 ans. J’ai pris un congé création d’entreprise de 2 ans au sein de la SNCF et, à l’issue de cette période, j’ai démissionné. J’ai bénéficié également du soutien de SNCF Développement. Il s’agit d’une aide financière allant jusqu’à 15 000€ que la SNCF propose à ses collaborateurs souhaitant partir pour créer leur propre entreprise. Si, au bout de 2 ans, le bénéficiaire démissionne comme prévu, il garde les fonds. Sinon, il doit rembourser une partie du montant perçu. Mon dossier a été sélectionné par la commission du programme et j’ai obtenu un budget de 7 500 € pour acheter du matériel et pour démarrer mon activité.

Votre métier demande-t-il beaucoup de compétences spécifiques par rapport à un garage traditionnel ?

P. N. : l’activité de restauration de voitures anciennes est très à la mode. Beaucoup de garages généralistes pensent pouvoir le faire et se lancent. Sauf que c’est un métier totalement différent. En effet, très souvent, les clients qui confient leur voiture de collection à un garage traditionnel sont déçus par le résultat. Nous, en revanche, nous recevons des retours très positifs, parce que nous disposons d’un savoir-faire spécifique unique. Les gens voient la différence et ils sont très reconnaissants.
Chez PN Classic, nous sommes capables de gérer une restauration de A à Z. Dans le cadre de ma vie professionnelle, j’ai appris les métiers de mécanicien, de carrossier, de peintre ou encore d’électricien. Mais il y a un vrai manque de compétences sur le marché, car notre métier n’est plus appris à l’école. Il faut absolument que nous arrivions à transmettre notre savoir-faire pour former des jeunes à ces professions de l’automobile ancienne qui sont en train de se perdre et qui sont méconnues. Je prends donc régulièrement des stagiaires et des apprentis dans mon atelier.

Quelle est la spécificité de votre clientèle ?

P. N. : la voiture ancienne est tout d’abord un loisir. Elle sert à se faire plaisir. C’est vraiment impressionnant de voir à quel point les gens sont attachés à leur véhicule de collection. Certaines personnes le considèrent comme un membre de leur famille ! D’où un niveau d’exigence très élevé. La restauration de voitures de collection, c’est aussi le sauvetage du patrimoine. Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas forcément les moyens de rénover leur véhicule, mais qui y sont attachés sentimentalement. Ils ne veulent pas que leur voiture parte à la casse, donc ils nous la donnent gratuitement pour qu’elle soit sauvée.

Comment recrutez-vous de nouveaux clients ?

P. N. : au début, l’association m’a apporté mes premiers clients, avant que je constitue ma propre clientèle. Il y a 2 ans, je me suis lancé dans une nouvelle aventure. On m’a proposé de participer à une émission de télévision, Vintage Mecanic, sur la chaîne RMC Découverte. Dans chaque épisode, le présentateur, François Allain, achète une voiture ancienne et propose de la rénover à un panel de restaurateurs en Île-de-France. Le garage qui offre le prix le plus compétitif emporte la restauration dans son atelier. Grâce à Vintage Mecanic, j’ai gagné de la notoriété et de nouveaux clients, mais aussi des partenaires.

De quel type de partenaires s’agit-il ?

P. N. : parfois, certaines prestations nécessitent que nous nous associons avec d’autres ateliers spécialisés. Car chacun a son domaine de prédilection. Par exemple, un garage sera plus apte à réparer des Jaguars des années 30 et un autre des BMW des années 80. Nous pouvons donc partager des conseils ou nous confier des voitures pour des réparations.

Où en est PN Classic dans son développement aujourd’hui ?

P. N. : nous avons dégagé un chiffre d’affaires de 140 000 € l’an dernier. Le double d’il y a 3 ans. Et nous comptons améliorer encore notre croissance cette année, car j’ai embauché 2 personnes, en plus d’un apprenti, depuis un an. L’activité fonctionne très bien. En revanche, nous avons énormément de charges. Mais, dans tous les cas, j’ai encore quelques années de travail d’assurées !

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KIM Sun 18 janvier 2019
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