[INTERVIEW] AVEC PEU DE BUDGET, IL FAUT REUSSIR A TOUCHER LES CŒURS !

En mêlant traditions chrétiennes et tendances actuelles, Armelle Pecqueriaux casse les codes de la vente d'objets religieux. Interview de la fondatrice de Catho Rétro.
21 avril 2022 par
[INTERVIEW] AVEC PEU DE BUDGET, IL FAUT REUSSIR A TOUCHER LES CŒURS !
BERVILY Elodie
Quel est votre parcours et comment est né Catho Rétro ?

Armelle Pecqueriaux : après une école de commerce, j’ai travaillé comme commercial pour des marques de grande distribution. Avec mon mari, nous sommes ensuite partis vivre à Tahiti où je me suis occupée de nos deux enfants, tout en attendant le troisième. Pour préparer leurs baptêmes, je ne trouvais rien qui correspondait à mes goûts et l’idée de création de mon entreprise a germé. De retour en France, nous nous sommes installés à Poitiers et Catho Rétro est né en 2014. J’ai créé l’entreprise avec ma sœur, ingénieur informatique, et une amie d’enfance qui est graphiste.

Comment vous êtes-vous développé ?

A. P. : nous avons lancé une opération de crowdfunding qui a rapidement eu un bel écho. Le projet initial était de monter une boutique en ligne et de dénicher des articles qui répondaient à notre chartre esthétique : des produits beaux et des produits funs. Nous ne pensions pas vraiment monter notre gamme, mais pour ce projet de crowdfunding, il nous fallait proposer des contreparties, des produits en propre. Cela nous a poussé à développer notre offre, des articles en céramique réalisés par notre mère. Cela a tout de suite très bien marché. Nous avons ouvert notre boutique en ligne avec 50 références et nous avons étendu la gamme petit à petit, au gré des rencontres avec nos fournisseurs. Nous en proposons désormais 3 000.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de levées de fonds, d’investisseurs… Mais créer une entreprise avec les 3 000 € que nous avons levés, c’est possible ! Moins on a d’argent, plus on est créatif. Avec peu de budget, il faut réussir à toucher les cœurs.

Vous avez ensuite ouvert une boutique à Marseille ?

A. P. : au départ, je n’avais pas l’intention d’ouvrir une boutique. Mais, en 2018, quand mon mari a été muté à Paris, je me suis retrouvée sans lieu de stockage. En cherchant un local pour entreposer le stock, nous avons trouvé une boutique à Marseille, un show-room qui nous permettait de mettre en scène l’offre de Catho Rétro. La boutique a ainsi ouvert en 2018 et c’est à ce moment-là que j’ai repris seule les rênes de l’entreprise. Nous avons également ouvert une échoppe à Paris, dans le  6e, juste à côté de l’église Saint-Sulpice. Nous partageons les locaux de la librairie religieuse Téqui.

Comment avez-vous construit votre offre ?

A. P. : face à l’image vieillissante et austère des produits catholiques, j’avais vraiment à cœur de faire rêver, de proposer du beau, tout en étant tendance. Le slogan de Catho Rétro est « Pour une vie plus spirituelle et plus jolie ». Nous sommes les seuls à proposer cela sur le marché. Je voulais également qu’une partie de notre offre soit fun. Nous vendons, par exemple, un pape solaire qui bouge tout seul, des tatouages… Mon défi a alors été de trouver des marques pour positionner Catho Rétro comme une marque cool, tout en répondant aux exigences des chrétiens.

Vous proposez également des exclusivités ?

A. P. : oui, avec notre offre en propre, ces produits représentent environ 10 % de nos références. Le challenge a été de faire venir des marques pointues de l’univers de la mode et de leur proposer des collaborations. Nous avons créé un coussin brodé Alléluia avec CSAO, des vêtements pour enfants avec Poudre Organique, des bijoux avec l’Atelier Paulin…

Quels sont les produits que vous vendez le mieux ?

A. P. : ce sont les dragées et les décorations pour les cérémonies, car nous sommes les seuls sur le marché à proposer des objets de décoration avec des symboles chrétiens. Les bijoux, médailles et bracelets se vendent également très bien. Les petits Jésus en guimauve restent une de nos références phares, nous en avons vendu plus de 90 000 en 2021.

Comment la crise sanitaire a-t-elle impactée votre activité ?

A. P. : le Covid-19 a porté un coup d’arrêt brutal à nos ventes. En l’absence de cérémonies, notre chiffre d’affaires a chuté de 70 %. Mais cela nous a permis de réfléchir à notre offre et développer les décorations de Pâques et de Noël. Ces gammes ont connu un véritable succès et ont permis de désaisonnaliser notre activité, fortement concentrée sur les fêtes de la foi, les baptêmes et les communions, qui ont lieu en mai et en juin.

Quels sont vos projets de développement ?

A. P. : j’ai développé une offre de chocolats pour Pâques et je me suis lancée dans le textile avec une gamme de vêtements pour les baptêmes et les communions. Je veux garder mon âme d’entrepreneur, continuer à innover, à essayer. En parallèle, nous développons des corners Catho Rétro dans des magasins traditionnels religieux, à Lyon, Lille, Nantes, Évry… De nombreux projets sont programmés pour les mois à venir. Et, à plus long terme, je rêve d’ouvrir d’autres boutiques en propre pour pouvoir exprimer toute ma créativité en matière de décoration et d’agencement.

Entrepreneure et maman de 3 enfants, comment arrivez-vous à concilier cela ?

A. P. : être entrepreneure, innover en permanence, lever des fonds… Je m’en faisais tout un monde. Mais finalement, avec peu de moyens, en gérant Catho Rétro en bon père de famille et avec le souci de toujours vouloir faire différemment, cela marche ! Je vais plus doucement, certes, mais à mon rythme. Cela me permet d’être présente pour mes enfants et de faire ce que j’aime. J’ai trouvé un équilibre qui me permet de vivre ma vie d’entrepreneure de manière passionnée et sereine.

Fiche d’identité
Dénomination : Catho Rétro
Activité : ventes d’articles chrétiens
Création : 2014
Effectif : 4 salariés
Web : www.cathoretro.com
[INTERVIEW] AVEC PEU DE BUDGET, IL FAUT REUSSIR A TOUCHER LES CŒURS !
BERVILY Elodie 21 avril 2022
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