Evolution des habitudes de consommation en France

19 juillet 2003 par
Evolution des habitudes de consommation en France
Les Echos Etudes

La grande distribution doit intégrer les nouvelles attentes des consommateurs, lesquels tendent à favoriser les formats segmentant (convenience stores, hard-discount) au détriment des formats universalistes (hypers et supermarchés) :

Le plaisir : la progression du pouvoir d’achat et l’émergence d’une mentalité individualiste et hédoniste s’accompagnent d’une recherche de plaisir dans le produit acheté (qualité, marque) et dans l’acte d’achat (développement des achats d’impulsion…). Le plaisir c’est également faire des économies sur un article (achat en hard-discount) pour se « faire plaisir » avec un autre produit de qualité ; La simplicité : la recherche de gains de temps par le consommateur renvoie aux notions d’accessibilité et de taille du magasin, au nombre de références proposées ainsi qu’à la possibilité de faire ses courses en fonction des opportunités (recul des courses hebdomadaires programmées) ; L’expertise : le besoin de service s’est notamment développé sous l’impulsion des enseignes spécialisées (mise à disposition de vendeurs, merchandising adapté, offre élargie…) qui concurrencent de plus en plus efficacement la grande distribution. Parallèlement, ces attentes continuent d’être impactées par les évolutions
sociétales :
• vieillissement de la population,
• modification des modèles familiaux : réduction de la taille des ménages, disparition de la cellule familiale type, déstructuration des repas…
• évolution des styles de vie : flexibilité accrue de la société (temps libre plus important mais affecté à activités de distraction), redynamisation des centres-villes, développement des consommateurs zappeurs (la fréquentation des grands magasins n’empêche pas celle d’un hard-discount), poids croissant des marques…

La circulaire Dutreil tente de ralentir la progression des marges arrières en France...

La législation française relative à l’ouverture des grandes surfaces (loi Raffarin) se double d’une volonté des autorités d’endiguer l’inflation de la coopération commerciale (marges arrières). Ces prestations de service (emplacement dans les linéaires, animations, suivi au jour le jour des ventes…) payées par les fournisseurs aux distributeurs ont progressé de 1,2 point en 2003 pour atteindre 31,5 % du chiffre d’affaire net facturé. Après la recommandation sur les relations commerciales de l’Ania (Association
nationale des industries alimentaires), c’est la circulaire Dutreil (16 mai 2003) qui vise à inverser cette tendance et à rééquilibrer le rapport de force entre fournisseurs et distributeurs. L’incitation à la « réduction négociée des marges arrières » prévoit notamment :
• un renforcement du contrôle de la réalité et du contenu des services rendus par les distributeurs dans le cadre de la coopération commerciale ;
• un transfert progressif des marges arrières vers l’avant (via l’autorisation d’une différenciation tarifaire…) ;
• la définition d’un cadre juridique visant à pacifier les relations entre distributeurs et fournisseurs et à prévenir les pratiques abusives (recommandation relative à l’établissement de conditions générales de vente…).
Toutefois, ce texte n’est qu’un cadre devant servir à orienter les négociations commerciales. Rien ne garantit que les objectifs poursuivis par la circulaire seront atteints (dans un contexte conjoncturel tendu où les marges se réduisent, il est difficile de modifier les comportements) et, même s’ils le sont, l’évolution ne sera que progressive. La circulaire n’a pas vocation à révolutionner brutalement l’économie du secteur.

Evolution des habitudes de consommation en France
Les Echos Etudes 19 juillet 2003
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