Comment les pharmaciens peuvent contribuer à l’amélioration de l’observance thérapeutique ?

3 novembre 2015 par
Comment les pharmaciens peuvent contribuer à l’amélioration de l’observance thérapeutique ?
LES ECHOS ETUDES

Directrice du Pôle Pharmacie-Santé des Echos Etudes

Dans son rapport remis en septembre dernier sur les moyens d’améliorer l’observance thérapeutique[1], l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) recommande de développer, dans le cadre des parcours de soins, des actions d’information et de soutien aux patients chroniques. Et propose de soutenir l’utilisation des outils de télésuivi, des objets et des dispositifs médicaux connectés. Même si les modalités de leur intervention et leur rémunération ne sont pas encore définies,  les pharmaciens devraient logiquement trouver leur place dans les nouveaux dispositifs qui seront mis en place pour relever les défis de l’(in)observance. D’autant que les patients les considèrent tout à fait légitimes pour le faire. Selon une enquête menée récemment par Les Echos Etudes, près de 70 % des personnes interrogées se disent intéressées voire très intéressées par les entretiens en face-à-face menés dans les zones de confidentialité. Les solutions digitales qui seraient proposées par les pharmaciens recueillent aussi les suffrages des sondés : les rappels de vaccination par mail ou par SMS (68 % se disent intéressés), les conseils personnalisés par mail sur les traitements (54 %), les alertes par SMS des heures de prise des médicaments (42 %). Quant à l’utilisation d’objets connectés à vocation « santé »  (glucomètre, tensiomètre, podomètre...), elle est jugée utile par plus de 65 % des interviewés pour suivre un traitement ou prendre soin de sa forme physique. L’implication des pharmaciens dans l’amélioration de l’observance pourra donc prendre plusieurs formes (dispositifs en face-à-face ou à distance) et s’adapter aux profils et aux besoins des patients. Un enjeu de taille : selon l’OMS, le taux moyen d’observance dans les pays occidentaux est de seulement 50 %. Il serait même inférieur dans certaines pathologies ou facteurs de risques comme le diabète, l’hypertension artérielle et la prévention de l’ostéoporose...

Pensez-vous que les pharmaciens sont légitimes pour recommander des applications mobiles destinées à vous aider à mieux suivre vos traitements ?

Source : Les Echos Etudes, enquête on line auprès d'un échantillon de 1 002 personnes âgées d'au moins 18 ans

Seriez-vous intéressé par des entretiens en pharmacie pour vous aider à comprendre
et suivre vos traitements ?

Source : Les Echos Etudes, enquête on line auprès d'un échantillon de 1 002 personnes âgées d'au moins 18 ans

Les impacts et les coûts induits par l’inobservance thérapeutique

  • Aux Etats-Unis, le Council for Affordable Healthcare a calculé que la non-observance thérapeutique entraînerait des coûts supplémentaires globaux de près de 300 milliards de dollars par an. Elle serait responsable chaque année de 125 000 décès.

  • En France, la Fondation Concorde a chiffré ce coût à 2 milliards d’euros par an. Les  journées d'hospitalisation induites par l’inobservance sont estimées à 1 million et les décès à 8 000.

  • Dans l’asthme par exemple, des études réalisées dans l’Hexagone ont montré que 75 % des hospitalisations en urgence sont dues à une mauvaise observance4. Elles indiquent que pour la grande majorité des patients arrivant dans les centres d’urgences pour asthme aigu grave, les signes avaient débuté 6 à 7 jours avant.

  • Dans le traitement de l’apnée du sommeil, la sous-utilisation des dispositifs PPC entraîne un sur-coût estimé par le ministère de la Santé à 20 % de la dépense engagée  par l’Assurance maladie.

Source : Les Echos Etudes, Observance thérapeutique et accompagnement des patients, Enjeux et perspectives des nouvelles solutions digitales au service de l’observance et du suivi des traitements.

Article paru dans le numéro d’octobre 2015 de Profession Pharmacien.

 

[1] Rapport « Pertinence et efficacité des outils de politique publique pour faciliter l’observance », IGAS, septembre 2015.

Comment les pharmaciens peuvent contribuer à l’amélioration de l’observance thérapeutique ?
LES ECHOS ETUDES 3 novembre 2015
Partager cet article
Étiquettes
Archiver