Soutenir la croissance des génériques et des biosimilaires à l’officine : les pharmaciens d’officine plébiscitent les mesures destinées à accentuer les pressions sur les prescripteurs

26 juin 2015 par
Soutenir la croissance des génériques et des biosimilaires à l’officine : les pharmaciens d’officine plébiscitent les mesures destinées à accentuer les pressions sur les prescripteurs
LES ECHOS ETUDES

Malgré une forte dynamique de croissance (+ 10 % par an en moyenne depuis cinq ans), le marché des génériques reste en France de taille modeste2. Fin 2013, il représentait un peu plus de 30 % en volume des ventes de médicaments à l’officine, mais moins de 20 % en valeur, soit 15 points de moins que la moyenne des pays de l’OCDE et loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni où les génériques captent plus de 75 % des ventes de médicaments.

Les raisons de ce différentiel sont connues : la mise en place tardive d’une politique publique en faveur de ce marché, une définition restrictive du générique, un périmètre de substitution limité… Et l’absence de mesures fortement incitatrices à l’égard des prescripteurs pour modifier leur comportement de prescription. En Allemagne par exemple, les médecins doivent respecter des taux cibles de prescription variables selon les spécialités médicales et les zones géographiques. Outre-Manche, leurs budgets de prescription sont strictement encadrés par les Primary Care Trusts et 80 % des ordonnances sont libellées en DCI. Dans nombre de pays, l’utilisation de logiciels d’aide à la prescription est obligatoire depuis plusieurs années, ce qui favorise mécaniquement la prescription en DCI ou en générique. En France, cette obligation n’est entrée en vigueur que depuis le 1er janvier dernier. Cette mesure, si elle est tardive et peu contraignante (les médecins ne sont pas sanctionnés s’ils omettent de mentionner la DCI), marque toutefois un tournant majeur dans la politique menée par les pouvoirs publics pour favoriser ce marché.

Reposant pour l’essentiel depuis quinze ans sur la substitution à l’officine, cette politique trouve aujourd’hui clairement ses limites, comme l’a analysé la Cour des comptes dans son  dernier rapport sur les comptes de la Sécurité sociale. Ses auteurs estiment que pour « favoriser une diffusion beaucoup plus large des médicaments génériques et rattraper le niveau de nos voisins européens, il est nécessaire désormais d’adopter une nouvelle stratégie, plus vigoureuse et axée principalement sur les médecins ». Cette nouvelle orientation rencontre largement l’assentiment des officinaux. D’après l’enquête réalisée fin 2014 par Les Echos Etudes3, plus de 80 % des titulaires interrogés sont favorables à ce que les médecins qui abusent de la mention « NS » soient sanctionnés financièrement2, et parmi les mesures essentielles qui devraient être prises pour soutenir le développement de ce marché, les pharmaciens citent en premier l’obligation de prescrire en DCI pour les médecins libéraux et hospitaliers.

L’enjeu est de taille : les perspectives d’économies grâce aux génériques s’amenuisent en raison du potentiel commercial moins important des médicaments tombant dans le domaine public. Le développement des biosimilaires, qui pourrait constituer un relais de croissance, reste incertain. Ainsi, seulement 15 % des titulaires pensent pouvoir encore augmenter leur taux de substitution dans les deux à trois ans qui viennent. Les nouvelles mesures prises par les pouvoirs publics à partir de 2015 seront donc décisives, tant pour la croissance de ce marché que pour l’économie de l’officine. 

Selon vous, quels sont les trois mesures essentielles à prendre pour continuer à développer l’utilisation des génériques ?

Source : Les Echos Etudes & Celtipharm, enquête on-line auprès de 388 pharmaciens titulaires

1 Selon les données du GERS, les ventes officinales de médicaments génériques se sont élevées fin 2013 à 3,6 milliards d’euros (PFHT).  

2 Proposition de l’Assurance maladie obligatoire en 2014.

3 Le marché des génériques et des biosimilaires en France, enquête auprès des pharmaciens d’officine sur leurs pratiques actuelles de substitution et leurs perspectives à l’horizon 2017. Etude réalisée par les Echos Etudes en décembre 2014, en partenariat avec Celtipharm et le GERS.

Soutenir la croissance des génériques et des biosimilaires à l’officine : les pharmaciens d’officine plébiscitent les mesures destinées à accentuer les pressions sur les prescripteurs
LES ECHOS ETUDES 26 juin 2015
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