PRODUCTIVITE : UN RECUL DE 6 % ENREGISTRE DEPUIS 2019

Alors qu'elle progressait depuis 2010, la productivité des salariés français a décroché avec la crise sanitaire. 3 ans plus tard, le recul accumulé n'a toujours pas été comblé.
8 janvier 2024 par
PRODUCTIVITE : UN RECUL DE 6 % ENREGISTRE DEPUIS 2019
LES ECHOS ETUDES
Crédit photo : ©Jose Luis Pelaez Inc/Blend Images LLC

Dans une récente étude, la Banque de France s’est penchée sur la productivité des salariés français (richesses créées/nombre de personnes en emploi) et son évolution depuis 2010. Il en ressort que la tendance haussière qui prévalait depuis 2010 (date de début de l’analyse) s’est, sans surprise, brutalement interrompue tout début 2020 en raison de la crise sanitaire et des différents confinements qui l’ont accompagné. Mais élément plus notable, la reprise post-crise n’a pas permis de gommer ce décrochage. À la fin du 2e trimestre 2023, la productivité par tête restait encore en retrait de 6 % par rapport à celle du 4e trimestre 2019 et de 8,5 % comparée à la tendance haussière à l’œuvre entre 2010 et 2019.

Des pertes durables et temporaires
Pour nous aider à mieux comprendre cette perte de productivité de 8,5 %, la Banque de France l’a décomposé en pertes durables (3 points), temporaires (2 points) et inexpliquées (3,5 points).

Dans la première catégorie, l’institution financière rappelle que la hausse du taux d’emploi enregistré depuis 2019 a permis l’entrée sur le marché de salariés moins qualifiés. Un changement de « composition des qualifications » responsable d’une perte de 1,5 point de productivité. Dans le même temps, la hausse du nombre d’apprentis expliquerait un recul de 1 point, même si, comme le précise la Banque de France, une fois pleinement insérés dans l’emploi, les apprentis joueront un rôle positif sur la productivité des salariés. Enfin, les effets des politiques sanitaires lissés sur cette période compteraient pour 0,5 point. Quant aux régularisations de travail dissimulé, elles « joueraient à la marge mais ne pèseraient pas significativement sur la productivité », précisent les auteurs de l’étude.

Estimées à 2 points, les pertes de productivité temporaires s’expliqueraient d’abord par des « rétentions de main-d’œuvre sectorielles dans un contexte de difficulté de recrutement lorsque le ralentissement est jugé temporaire » (environ 2 points) et ensuite, de manière plus marginale, par l’activité partielle résiduelle enregistrée au 1er trimestre 2023.
Ces pertes temporaires de productivité devraient se résorber, à l’horizon 2026, une fois les rétentions de main-d’œuvre absorbées « par la hausse des activités des branches considérées ou par une baisse de l’emploi dans ces branches », prédit la Banque de France.

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LES ECHOS ETUDES 8 janvier 2024
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