LE « TOUT FORMATION » N’EST PAS LA PANACÉE POUR LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE

30 août 2017 par
LE « TOUT FORMATION » N’EST PAS LA PANACÉE POUR LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE
Les Echos Etudes

Un rapport de France Stratégie met en lumière le fait que les plans massifs de formation professionnelle et l’élévation du niveau de diplôme n’ont que peu d’effet sur le taux de chômage en France.

Tout récemment publié par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie), un rapport vient remettre en question l’efficacité des actions de formation professionnelle mises en œuvre ces dernières années, notamment par les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, pour lutter contre le chômage. Baptisé « Renforcer la capacité des entreprises à recruter », le rapport rappelle que depuis une quinzaine d’années, de nombreux plans de formation des demandeurs d’emploi ont été initiés. Des actions massives destinées à permettre une plus grande adéquation entre les besoins de l’entreprise et les compétences des candidats à l’emploi.

Or, constatent les auteurs, malgré la hausse du niveau de formation, le taux de chômage reste encore très élevé dans notre pays (9,5 % contre 7,9 % en moyenne dans l’Union européenne) alors qu’un nombre important d’offres d’emploi demeure non pourvu. Une situation qui, selon France Stratégie, doit amener les pouvoirs publics, les partenaires sociaux, mais aussi les entreprises à ne plus considérer que le seul levier permettant l’adéquation entre l’offre et la demande en matière d’emploi réside dans la formation. Pour étayer son propos, France Stratégie rappelle que 44 % des travailleurs français ont un niveau qui ne correspond pas à leur emploi (31 % sont sur-qualifiés et 14 % sous-qualifiés). En outre, 42 % des travailleurs ont une spécialité qui ne correspond pas aux exigences du poste qu’ils occupent. Les auteurs de l’étude rappellent également que, contre toute attente, la formation n’est pas le premier critère de recrutement des entreprises. Une étude réalisée en 2016 par Pôle emploi précise ainsi que « seulement 46 % des entreprises font de la formation leur premier critère de sélection lors des recrutements, contre 60 % pour l’expérience professionnelle ou 64 % pour des compétences transversales comme la polyvalence ou la capacité d’adaptation ».

Une meilleure identification des besoins

Avec ce changement d’approche, les difficultés de recrutement « pourraient refléter non pas une inadéquation entre compétences détenues et compétences attendues mais plutôt les propres difficultés des employeurs à identifier la capacité des candidat », estime France Stratégie. « En améliorant en amont la gestion des ressources humaines, il deviendrait dès lors possible d’améliorer in fine l’impact de la formation sur le retour à l’emploi », précisent les auteurs du rapport. Parmi les pistes d’améliorations, France Stratégie invite les régions, l’État, Pôle emploi et les partenaires sociaux à mieux intégrer les spécificités des métiers et des secteurs d’activité, notamment lors de l’élaboration des plans de formation régionaux. L’organisme de conseil souhaite également que des études soient menées afin d’analyser plus finement le lien qui existe entre les pratiques de gestion de la main-d’œuvre et les difficultés de recrutement ressenties par les entreprises. Enfin, selon France Stratégie, promouvoir cette nouvelle approche « suppose que le monde de l’entreprise travaille sur l’identification de ses besoins en compétences », ce que, rappellent les auteurs de l’étude, certaines branches ont déjà commencé à faire.

LE « TOUT FORMATION » N’EST PAS LA PANACÉE POUR LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE
Les Echos Etudes 30 août 2017
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