LA PRESCRIPTION DE SUBSTITUTS NICOTINIQUES EN PHARMACIE EXPERIMENTEE PENDANT 2 ANS

Déposé par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, un amendement prévoit d'accorder aux pharmaciens le droit de prescrire des médicaments de sevrage tabagique.
3 novembre 2021 par
LA PRESCRIPTION DE SUBSTITUTS NICOTINIQUES EN PHARMACIE EXPERIMENTEE PENDANT 2 ANS
LES ECHOS ETUDES

Donner la possibilité aux pharmaciens de dispenser des substituts nicotiniques à des patients souhaitant arrêter de fumer, sans passer par une consultation médicale : cette mission pharmaceutique, qui est reconnue depuis plusieurs années dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Canada, est réclamée de longue date par les syndicats de pharmaciens. Avant de sauter le pas, l’Assurance maladie souhaite toutefois valider les modalités de ce nouveau service, à travers une expérimentation d’une durée de 2 ans, menée dans trois régions. Celle-ci devrait démarrer en 2022, une fois ses modalités opérationnelles définies par décret (choix des régions, liste des traitements autorisés, suivi des patients, rémunération du pharmacien et évaluation de l’expérimentation). L’amendement précise que d’autres territoires pourront être choisis en tant que « témoins » afin de mesurer plus précisément l’impact de la prise en charge à l’officine des patients souhaitant arrêter de fumer. Les substituts nicotiniques qui seront prescrits par les pharmaciens seront, à titre dérogatoire, remboursés par l’Assurance maladie. Un rapport d’évaluation sera remis au Parlement avant éventuelle généralisation à l’ensemble du réseau officinal.

Soutien des syndicats de pharmaciens

La FSPF et l’USPO se réjouissent de cette expérimentation, qui ouvre la voie vers un nouveau service rémunéré par l’Assurance maladie. Les syndicats, qui vont bientôt s’atteler à la prochaine convention pharmaceutique, ont d’ores et déjà fait des propositions pour que la prise en charge des fumeurs ne se limite pas à la dispensation de substituts nicotiniques, mais s’inscrive dans un parcours plus global, intégrant un ou plusieurs entretiens en face-à-face permettant de suivre et de motiver le patient tout au long de son sevrage. Une démarche qui a d’ailleurs été expérimentée par le passé. En 2015, le groupement Giphar avait lancé un programme de coaching qui s’étalait sur un an, composé de 7 séances d’environ 20 minutes chacune. Autre initiative : celle de l’URPS pharmaciens de la région PACA qui, depuis 2017, accompagne les pharmaciens dans le cadre de l’opération annuelle « Mois sans tabac ». L’objectif est de les former à l’entretien motivationnel et au suivi des fumeurs sur un mois. Rappelons aussi que le Cespharm (Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) propose sur sa plate-forme des supports d’information sur le sevrage tabagique à l’officine.

Un service développé dans d’autres pays

Certains pays reconnaissent déjà la place des pharmaciens dans leur politique de lutte contre le tabagisme. Aux États-Unis par exemple, 14 États les autorisent à prescrire des substituts nicotiniques, selon des modalités différentes en fonction des règlementations en vigueur. Dans la moitié d’entre eux, toutes les thérapies de remplacement de la nicotine et les médicaments oraux peuvent être prescrits, y compris la varénicline (Champix®/Chantix) et le bupropion (Zyban®). Au Canada, la province de l’Ontario a lancé le programme « Pharmacy Smoking Cessation » et au Québec, les pharmaciens peuvent dispenser les substituts et proposer des entretiens de suivi. Un service valorisé aussi au Royaume-Uni, où le NHS a lancé un programme pilote qui permet aux pharmacies de ville de gérer le suivi d’un patient dont le sevrage a démarré initialement à l’hôpital.

Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur l'observatoire des enseignes de pharmacie

LA PRESCRIPTION DE SUBSTITUTS NICOTINIQUES EN PHARMACIE EXPERIMENTEE PENDANT 2 ANS
LES ECHOS ETUDES 3 novembre 2021
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