Qu’est-ce que fait Tut Tut ?
Vincent Chabbert : nous sommes une plate-forme de livraison collaborative. Nous référençons une communauté de particuliers, prêts à livrer des colis avec leur véhicule personnel. Notre modèle utilise la force de la communauté, comme Blablacar pour le covoiturage par exemple, sauf que nous, nous faisons du « co-transportage », et s’appuie sur une technologie similaire à Uber : les missions sont diffusées aux particuliers-coursiers de la zone, dans un rayon de 30 km, qui peuvent instantanément les accepter.
Tut Tut est une application qui permet d’un côté à des particuliers d’optimiser leurs trajets du quotidien et, de l’autre, à des enseignes de proposer à leurs clients un service de livraison à J0, sur des créneaux d’une heure. Nous avons un taux de réussite de 99,8 %, avec un peu moins de 4 % de report. Si le client choisit un créneau, mais que le particulier-coursier ne va pas pouvoir être à l’heure, il peut le signaler dans l’application. Nous contactons le client pour trouver un nouveau créneau. Cela fait partie du modèle collaboratif que nous défendons.
D’où vous est venue cette idée ?
V. C. : l’idée de Tut-Tut m’est venue suite à un concours de circonstances : j’avais besoin de me faire livrer quelque chose très rapidement mais je ne trouvais aucune solution, ni avec des coursiers, ni des transporteurs… Je me suis dit que c’était dommage, qu’avec les dizaines de milliers de véhicules qui circulent, il y avait très certainement des personnes qui passaient là où mon colis était stocké et pourraient me le livrer.
Initialement, mon idée consistait à profiter des trajets existants pour faire de la livraison longue distance. Le Covid-19 a fait un peu évoluer ce projet : il y avait un réel besoin sur le dernier kilomètre notamment avec l’immense bond en avant du e-commerce à cette période. Les commerces de proximité, la grande distribution alimentaire, de même que certaines enseignes spécialisées ne pratiquaient pas toujours la livraison, au mieux proposait du click & collect et du drive. Or, ce modèle que j’avais imaginé pour la longue distance pouvait parfaitement s’appliquer, en utilisant les trajets du quotidien. Nous sommes capables de livrer très vite, 7 jours sur 7, à des prix très compétitifs. Et il s’agit d’une démarche RSE car nous profitons des trajets du quotidien, nous réduisons les inégalités entre grandes villes et petites villes où il est difficile de se faire livrer rapidement.
Est-ce qu’un particulier peut s’adresser directement à vous ?
V. C. : oui, c’est aussi possible. Pour le moment, nous n’avons pas encore eu vraiment le temps de mettre l’application en avant car nous avons de très gros chantiers sur les professionnels. En fait, quand nous avons lancé Tut Tut, nous visions les commerces de proximité, qui ont finalement été très difficiles à capter. C’est la grande distribution qui a « mordu » tout de suite. Mais même si les intentions sont là, cela peut prendre des semaines, voire des mois, à mettre en place. Or, une start-up a besoin de faire fonctionner son modèle, de pérenniser son activité. Et en parallèle, nous avions beaucoup d’appels de personnes qui avaient entendu parler de nous et qui se demandaient comment utiliser notre solution. Donc début 2022, nous avons lancé l’application Tut Tut, qui fonctionne comme celle dédiée aux professionnels. Tout particulier peut solliciter un coursier pour aller chercher un colis, un achat… L’application intègre même une solution de procuration embarquée pour le click & collect.
Comment recrutez-vous cette communauté de coursiers ?
V. C. : cela se fait assez naturellement, ça n’est vraiment pas un sujet. Nous avons bénéficié d’une belle exposition médiatique : de nombreux articles de presse, plusieurs passages à la télé sur des chaînes de grande écoute, au JT de 20h… À chaque fois, cela a généré des flux massifs d’inscription, partout en France. Quand nous avons des besoins ciblés, nous utilisons les réseaux sociaux et nous faisons des offres sponsorisées : par exemple, 10 € par jour pendant une semaine. Généralement, à la fin de la semaine, nous avons suffisamment de coursiers. Il s’agit de particuliers, qui n’ont pas le statut d’auto ou micro-entrepreneur, dont nous limitons les gains à 500 € par mois.
Où en êtes-vous aujourd’hui et quels sont vos projets ?
V. C. : nous avons lancé Tut Tut en mai 2021, donc il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, nous sommes présents partout en France, avec de très gros partenariats avec de grandes enseignes comme Intermarché, Auchan, Bricorama, Bricomarché, Decathlon, Electro Dépôt… Notre solution de livraison est proposée soit sur leur site internet, soit en magasin.
À très court terme, notre projet est de renforcer l’existant, en s’appuyant notamment sur une levée de fonds que nous bouclons actuellement et qui nous valorise à 10 M€. Nous avons eu énormément de sollicitations, de beaucoup d’enseignes que nous n’espérions pas avoir immédiatement comme clientes et qui veulent déployer notre solution à grande échelle. En particulier, nous pensions que le non alimentaire allait prendre plus de temps.
L’activité « particuliers » fait également partie de nos priorités. Notre but final, c’est que le particulier soit complètement autonome, qu’il puisse faire ses achats dans tous les magasins référencés autour de lui et se faire livrer par Tut Tut directement depuis l’application, en embarquant une marketplace. Mais c’est un projet pour fin 2023/début 2024.
Ensuite, une fois que nous aurons verrouillé le modèle, l’objectif, très simplement, c’est de le dupliquer dans d’autres pays. Nos clients sont principalement internationaux donc cela peut nous ouvrir des portes. Et notre modèle est facilement scalable.
Fiche d’identité
Dénomination : Tut Tut
Activité : livraison du dernier kilomètre
Nombre de particuliers-coursiers : 38 000
Effectif : 40 personnes
Web : www.tut-tut.com