DOCTIPHARMA PEUT POURSUIVRE SON ACTIVITÉ

3 janvier 2018 par
DOCTIPHARMA PEUT POURSUIVRE SON ACTIVITÉ
Les Echos Etudes

La justice juge licite l’activité de vente de médicaments mise en place par Doctipharma.

Filiale de Doctissimo, Doctipharma est une plate-forme via laquelle des pharmaciens d’officine ont la possibilité de vendre en ligne des médicaments sans ordonnance et des produits de parapharmacie. Lancée en 2014, la plate-forme a rapidement rencontré un certain succès. Désormais, plus de 1 000 pharmacies sont partenaires, dont 300 réellement actives (une cinquantaine en 2016 pour la partie médicaments OTC). Une fois commandés, les produits sont livrés par l’officine ou mis à disposition du client dans le magasin.

Des outils de vente en ligne à la disposition des officines
Considérant que Doctipharma était un site de vente en ligne de médicaments, activité réservée aux seuls pharmaciens diplômés et exerçable dans un cadre strictement défini, l’Union des Groupements de Pharmaciens d’Officine (UDGPO) l’a assigné devant le Tribunal de commerce de Nanterre. Tribunal qui a condamné la filiale de Doctissimo à cesser tout commerce de médicaments sur son site sous astreinte de 10 000 € par jour à compter du 31 mai 2016. Doctipharma a alors contesté cette décision devant la Cour d’appel de Versailles. Dans l’arrêt rendu le 12 décembre 2017, les juges versaillais ont, cette fois, considéré, notamment, que Doctipharma ne devait pas être regardé comme un vendeur de médicaments en ligne ni comme un intermédiaire commercial, mais comme une simple interface technique mise à disposition des pharmaciens d'officine. En effet, Doctipharma n’intervient aucunement dans la transaction entre le patient et la pharmacie d’officine. La plate-forme se contente de mettre à disposition des outils techniques de présentation de médicaments et de paiement, ce qui, pour les juges, n’est pas illicite. En conséquence, la Cour d’appel de Versailles a infirmé le jugement du Tribunal de commerce de Nanterre.

Les places de marché : levier de croissance du e-commerce sur le marché des médicaments ?
Cette décision est particulièrement importante car elle lève un verrou important au développement des places de marché sur le marché des médicaments d'automédication (1001pharmacies, Pharmarket et bien-sûr Amazon, en plus de Doctipharma). Une alternative à la création de sites de e-commerce par les pharmaciens d'officine, une option actuellement non rentable pour la quasi totalité d'entre eux, eu égard aux dispositions réglementaires très contraignantes.
 Au total, si l’on prend en compte les médicaments et les produits hors monopole, on estime autour de 450 le nombre de sites marchands liés à une pharmacie qui commercialisent effectivement des produits de parapharmacie et/ou des OTC (tous produits confondus). Une centaine seulement aurait toutefois une activité récurrente. Sur le web, la largeur du catalogue est un facteur de différenciation fort pour un site marchand. Les pharmacies ne peuvent rendre leur présence on-line pertinente que si elles sont en capacité d’avoir une réelle profondeur de gamme et si une partie de ces gammes est relativement exclusive. Or les produits proposés par les pharmacies sur Internet sont plutôt uniformes. Par ailleurs, la concurrence accrue sur les prix, due à la facilité de les comparer, rend l’activité on-line moins rentable, avec des taux de marge brute constatés entre 5 et 8 %.
En conséquence, face à des acteurs déjà bien implantés (référencement optimisé grâce à l’ancienneté, assortiment adapté au web, logistique rodée et base client entretenue), il paraît très risqué en 2018 pour un pharmacien de se lancer seul sur ce canal de distribution. L’heure est déjà à la mutualisation de cette activité via les groupements de pharmaciens ou le recours à une place de marché puissante ayant les moyens de promouvoir son offre de produits de santé.

Voir l'étude des Echos publiée en décembre 2017, La pharmacie d'officine à l'ère du digital, réalisée par Hélène Decourteix (consultante et auteur du blog lapharmaciedigitale.com)

DOCTIPHARMA PEUT POURSUIVRE SON ACTIVITÉ
Les Echos Etudes 3 janvier 2018
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