LE CONCEPT EST NE D'UN BESOIN

5 avril 2018 par
LE CONCEPT EST NE D'UN BESOIN
MEZIANI Hélène

Cette jeune start-up propose aux clients de se faire livrer des objets encombrants, à l’heure de leur choix. Interview de l’un de ses fondateurs, Jean Cevaer, CEO de MyTrooperS.

Comment vous est venue l’idée de MyTrooperS ?
Jean Cevaer : le concept de MyTrooperS est né d’un besoin. Un soir, nous sommes partis récupérer un canapé-lit acheté sur Leboncoin avec mon colocataire. Nous avions prévu de le porter jusqu’à notre appartement mais rapidement, nous nous sommes aperçus qu’il était trop lourd. Donc nous avons essayé de trouver sur Internet quelqu’un qui pourrait nous aider. Mais c’était compliqué : les délais étaient trop longs, les tarifs trop élevés... En fait, le marché n’était pas organisé. Quand j’ai raconté ça à Jérémy Chevalier, mon associé aujourd’hui dans MyTrooperS, nous nous sommes dit que c’était fou que personne ne donne accès facilement à des transporteurs alors qu’aujourd’hui il y a des sociétés qui rassemblent les chauffeurs, les coursiers, etc. C’est ce que nous avons décidé de construire : une entreprise qui réunit des transporteurs et permet aux particuliers et aux professionnels d’y avoir accès sous des conditions lisibles.
Comment fonctionne l’entreprise ?
J. C. : notre modèle est simple : dès qu’un client a besoin de transporter quelque chose d’encombrant, de faire un petit déménagement, nous lui trouvons un transporteur à la date et à l’heure de son choix. Le délai minimum est d’une heure. Car aujourd’hui, les clients n’acceptent plus de poser un RTT pour se faire livrer. Il faut se mettre au niveau d’acteurs comme Amazon qui proposent des livraisons dans la journée.
Pour cela, nous rassemblons un réseau de transporteurs professionnels qui, en répondant à ces besoins, peuvent faire de l’optimisation d’agenda. Aujourd’hui, nous travaillons avec plus de 200 entreprises en Île-de-France, soit environ 250 véhicules utilitaires légers, répartis en 3 catégories : les 3 à 6 m3, les 12 à 17 m3et les 20 m3.
À ces entreprises, nous apportons une technologie performante, sur laquelle nous travaillons depuis 2 ans. Nous avons standardisé et automatisé les demandes de transport pour que celles-ci prennent moins d’une minute. Ensuite, la transmission se fait de façon instantanée et le transporteur a accès à une information de très bonne qualité : estimations du temps de trajet et de manutention, informations exactes sur le chargement, etc. Nous lui fournissons également la lettre de voiture. Le transporteur n’a plus qu’à valider la mission et à se rendre sur le lieu de chargement.
Quel est votre modèle économique ?
J. C. : notre modèle économique est basé sur une commission, entre 15 et 20 %, qui rémunère la transmission de la demande et les services que nous prenons en charge.
Qui sont vos clients ?
J. C. : nous nous sommes d’abord adressés aux particuliers car cela correspondait au besoin que nous avions identifié. Ce sont ensuite les professionnels qui nous ont approché. Ceux-ci viennent majoritairement de 3 secteurs. Le retail tout d’abord avec les spécialistes du mobilier, de la quincaillerie, de l’électroménager, etc. Les professionnels de l’événementiel ensuite : des loueurs de mobilier, des agences, des photo booths, des barmans nomades, etc. Toutes les personnes qui dans le cadre de leur métier ont besoin de prestations de transport récurrentes et réactives. Enfin, nous nous adressons aux acteurs de la logistique qui ont besoin de transport en support de leur flotte existante, notamment dans des moments de forte demande.
À février 2018, 60 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec des professionnels et 40 % avec des particuliers. Nous avons 150 partenaires professionnels qui nous utilisent quotidiennement, dont 30 % dans le retail.
Comment sélectionnez-vous les transporteurs ?
J. C. : au départ, nous allions vers les entreprises, mais aujourd’hui nous sommes bien identifiés et elles viennent vers nous. Nous analysons les transporteurs en fonction de 3 types de critères pour vérifier qu’ils sont bien en adéquation avec notre manière de travailler.
Avant même de les rencontrer, nous vérifions les prérequis administratifs : capacité de transport, licence, assurance de marchandises et Kbis.
Le 2e critère concerne le véhicule et les chauffeurs. Nous regardons la propreté, l’état général du camion et le professionnalisme des transporteurs. Nous voulons des chauffeurs professionnels, qui portent des chaussures de sécurité et qui savent charger correctement un camion.
Enfin, la ponctualité est également un critère très important. Pour nous, le retard n’est pas une fatalité dans le transport. Aujourd’hui, il existe des outils qui donnent accès à des informations trafic. Et nous aidons beaucoup à l’organisation grâce à notre technologie, donc nous ne tolérons pas les retards.
Quels sont vos projets de développement ?
J. C. : notre objectif est déjà d’asseoir notre position en Île-de-France. Nous sommes très bien placés sur la livraison à la demande, notamment en événementiel, mais, selon nous, il faut consolider avant de partir sur d’autres agglomérations. Ensuite, nous nous développerons en suivant des partenaires professionnels autour d’une ville. Nous essayons de tempérer les demandes qui nous parviennent déjà car nous souhaitons arriver de manière structurée dans une nouvelle ville avec un réseau, une réactivité et une qualité de services équivalents à ce que nous proposons aujourd’hui en Île-de-France. Donc, nous allons commencer début 2019 et y aller ville par ville, dans l’une des 4 grandes agglomérations françaises : Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Marseille. Comme nous avons un modèle assez réactif, nous pouvons atteindre un très bon réseau et une très bonne qualité de service au bout de 2 mois de mise en place, d’après nos estimations. Nous pouvons donc imaginer développer 4 à 5 villes dans l’année.
Avant ça, notre défi pour 2018 est de réussir à toucher un maximum de professionnels en Île-de-France. Nous nous intéressons notamment aux entreprises du bâtiment, aux artisans. Nous voulons réussir à évangéliser notre concept, qui donne accès via une application à une flotte de 250 camions, et faire comprendre que nous proposons un nouveau modèle plus rapide et plus performant que ce qui existait jusqu’à maintenant.
Quelles seront les étapes pour l’implantation dans de nouvelles villes ?
J. C. : nous allons suivre des clients professionnels car ils apportent du volume et de la récurrence. Or, nous devons commencer par assurer un flux suffisant au réseau. En effet, si nous n’apportons pas suffisamment de volume, nos partenaires transporteurs vont se désintéresser du concept et potentiellement fournir des prestations de moins bonne qualité.
Ensuite, nous enverrons une équipe sur place pour constituer la flotte de transporteurs, installer les applications, puis raccorder le réseau et le piloter de la même manière que ce que nous faisons aujourd’hui.

LE CONCEPT EST NE D'UN BESOIN
MEZIANI Hélène 5 avril 2018
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