[INTERVIEW] DONNER UN NOUVEAU VISAGE AU VRAC

Lisa Pondevy et Lucile Barreau , cofondatrices de Muzzü, ont ouvert à Nantes une boutique et un e-shop dédiés aux produits cosmétiques et ménagers qui bousculent les codes du vrac. Interview.
24 juillet 2023 par
[INTERVIEW] DONNER UN NOUVEAU VISAGE AU VRAC
BERVILY Elodie

Crédit photo : Droits réservés

Quel est votre parcours et comment est née l’idée de création de Muzzü ?

Lucile Barreau : j’ai connu Lisa lors de notre première année d’études en marketing et communication à Nantes et nous avons très vite eu envie d’entreprendre ensemble. En 2019, à l’issue de notre 5e année, alors que nous étions en CDI, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Nous sommes des consommatrices de produits frais et de produits en vrac, et nous avons pu constater qu’en matière de produits cosmétiques et d’entretien, le choix est bien plus restreint qu’en matière alimentaire. Et le tout dans des contenants en plastique ! Nous avons ainsi décidé de nous lancer dans les produits ménagers et d’hygiène en vrac tout en relançant le principe de la consigne en verre.
Lisa Pondevy : avec Muzzü, nous avons voulu donner un nouveau visage au vrac, le rendre plus désirable grâce à un design épuré et élégant. Nous proposons à nos clients de beaux produits, de beaux flacons que l’on a envie d’exposer dans sa salle de bains ou sur son évier. Le confinement nous a permis de bien structurer notre concept, de travailler notre offre, notre marketing. La boutique Muzzü a ouvert fin 2020.

Pouvez-vous nous présenter votre concept ?

L. B. : Muzzü, c’est une boutique physique et en ligne de vente en vrac de produits cosmétiques et produits d’entretien pour la maison. Le tout dans des flacons en verre consigné, rechargeables à l’infini. Aujourd’hui, notre offre est composée d’une cinquantaine de références pour la maison et le corps. Des gels douche, des shampoings, des crèmes, des lessives, des nettoyants multiusages… Notre spécificité repose sur un système de distribution par gravité, dans des silos, sans électricité ni déchets, pour que nos consommateurs puissent se servir de façon très simple, en toute autonomie.

L. P. : nous avons également développé une offre pour les professionnels. Nous vendons nos produits à des hôtels, des entreprises, des restaurants… Cela fonctionne très bien, nous venons d’embaucher une étudiante en alternance pour nous épauler sur cette activité qui représente aujourd’hui près d’un tiers de notre chiffre d’affaires.

Pourquoi avoir opté pour des contenants en verre consigné ?

L. P. : chez Muzzü, la question du plastique ne s’est jamais posée. C’est un parti pris complètement assumé. Nous avons eu du mal à trouver des fournisseurs pour nos flacons en verre, mais nous avons aujourd’hui un excellent partenaire qui fabrique nos flaconnages en France et en Allemagne. En boutique comme sur notre site internet, nous proposons différents formats de flacons en verre consigné. Nous avons également mis en place le système de consigne avec nos fournisseurs. Les trois quarts de nos bidons sont rendus à nos partenaires, le reste est collecté et recyclé par une entreprise locale. Côté fournisseurs, nous avons fait le choix de travailler avec des entreprises françaises et belges uniquement, proposant des produits composés à 90 % d’ingrédients naturels au minimum, certifiés Écocert ou Nature & Progrès.

Vous êtes très présentes sur les réseaux sociaux. Est-ce un passage obligé aujourd’hui pour des marques comme la vôtre ?

L. P. : oui, les réseaux font partie intégrante de notre stratégie. Nous publions tous les deux jours sur chacun d’entre eux. Cela nous prend beaucoup de temps car nous avons voulu concevoir un univers de marque très défini qui parle de nos valeurs, de l’aspect écologique et design des produits… Nous avons été présentes sur ces canaux dès le début de l’aventure. Nous avons, par exemple, partagé sur LinkedIn tout le processus de création de Muzzü : le chantier, le choix des fournisseurs, l’ouverture de la boutique… Cela a très bien fonctionné. Nous avons pu partager nos expériences avec d’autres entrepreneurs et faire connaître Muzzü avant même l’ouverture de notre point de vente.

L. B. : concernant TikTok, au début, nous y sommes allées à reculons car nous ne voyions pas l’intérêt pour notre marque. Nous nous sommes lancées depuis l’été dernier. Dans les premiers temps, nous avons fait plusieurs mois de veille et avons publié nos premières vidéos, sans stratégie définie au début. Nous avons testé différents visuels, avec plusieurs fils conducteurs. Cela a pris très rapidement : une de nos vidéos, sur le process de préparation d’une commande internet, a fait le buzz, avec plus d’un million de vues ! Nous avons ensuite publié 4 à 5 vidéos par semaine pendant les 3 premiers mois. Aujourd’hui, nous diffusions 3 vidéos par semaine. Cela nous prend un temps considérable mais nous apporte beaucoup de commandes en ligne. Nous conseillons aux petites marques et aux indépendants d’être présents sur TikTok, c’est un outil de communication puissant.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

L. B. : depuis le début de l’aventure Muzzü, notre ambition est claire : nous voulons faire de Muzzü une marque nationale en développant nos points de vente dans les centres-villes. Car nous sommes fortement attachées à la proximité, aux contacts physiques avec nos clients.

L. P. : nous allons également développer l’e-shop que nous avons mis en place un mois après l’ouverture de la boutique. La première année, nous avons peu investi ce canal de vente. La deuxième année, cela a commencé à bien marcher et aujourd’hui, depuis le succès rencontré sur TikTok, l’activité a vraiment décollé et représente la moitié de notre chiffre d’affaires ! À plus long terme, nous allons optimiser notre système de consigne en travaillant avec des partenaires pour le développer à l’échelle nationale. C’est un marché en plein essor !

Fiche d’identité
Dénomination : Muzzü
Activité : vente en vrac de cosmétiques et de produits d’entretien
Création : 2020
Effectif : 3 personnes
Web : https://muzzu.fr

Copyright : Les Echos Publishing

[INTERVIEW] DONNER UN NOUVEAU VISAGE AU VRAC
BERVILY Elodie 24 juillet 2023
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