QUELLES PERSPECTIVES POUR LES LABORATOIRES DE BIOLOGIE MÉDICALE ?

21 novembre 2019 par
QUELLES PERSPECTIVES POUR LES LABORATOIRES DE BIOLOGIE MÉDICALE ?
LES ECHOS ETUDES

Diversification, innovation et internationalisation : ces trois axes résument les grandes orientations stratégiques suivies par les groupes leaders de la biologie médicale. La consolidation devrait en parallèle se poursuivre au détriment des laboratoires indépendants au modèle économique traditionnel.

Le modèle français de la biologie médicale pourra-t-il survivre aux pressions budgétaires de l’Assurance maladie et aux coûts particulièrement élevés du processus d’accréditation ? Les objectifs d’économies pour 2020 (170 M€ dans le cadre du PLFSS) et la trajectoire financière proposée pour le prochain accord triennal 2019-2022(1) laissent présager une quasi-stagnation des dépenses remboursables de biologie médicale au cours des 3 prochaines années. Or l’activité des laboratoires dépend en très grande partie des examens et tests admis au remboursement, lesquels représentent des dépenses annuelles de l’ordre de 4,4 Md€. Des dépenses qui ont connu au cours de ces 5 dernières années des évolutions plutôt erratiques, liées à des effets volume fluctuants et aux baisses du B (notamment à la fin de l’année 2016). Ces modalités de régulation tarifaire et de maîtrise des volumes devraient perdurer dans les années à venir, car l’Assurance maladie entend bien maîtriser strictement l’évolution de ces dépenses qui pourraient facilement déraper, eu égard aux besoins croissants d’examens et à l’apparition de nouveaux tests coûteux (tests moléculaires par exemple). À ces pressions budgétaires, s’ajoutent les coûts particulièrement élevés des accréditations que tous les laboratoires de biologie médicale devront avoir obtenues d’ici fin octobre 2020 (445 000 € en phase initiale et 145 000 € annuellement).

Moins de 500 laboratoires de biologie médicale à horizon 2022 ?

Dans ce contexte contraint, à la fois sur les plans économique et règlementaire, le secteur se restructure en profondeur. Ainsi, près de 10 ans après la réforme dite Ballereau, le nombre de laboratoires est passé de près de 3 960 en 2010 à environ 600 en 2017-2018. Soit un nombre divisé par plus de 6 en 8 ans ! Cette concentration s’est opérée au profit des structures capitalistiques (Cerba Healthcare, Synlab, Eurofins, Unilabs…) et des réseaux d’indépendants intégrés (Biogroup, Inovie, Laborizon, Labexa, M Lab, Oriade Noviale…), qui ont procédé à de nombreux rachats et regroupements de laboratoires indépendants. Cette course à la taille critique se traduit mécaniquement par une augmentation importante de la taille des laboratoires leaders. Les 7 premiers réalisent plus de 100 M€ de chiffre d’affaires annuel et représentent à eux seuls 60 % de parts de marché. En 2010, cette proportion n’était que de 16 %. Une concentration qui touche les structures juridiques et les plateaux techniques, mais nettement moins les sites de prélèvement locaux dont le nombre est demeuré globalement stable au cours des 8 dernières années. Signe que le modèle français ne s’est pas totalement industrialisé, au contraire de la biologie médicale allemande ou américaine. La consolidation n’est pas terminée et le secteur pourrait se reconfigurer autour de 500 laboratoires d’ici 3 ans.

Les laboratoires leaders cherchent à se diversifier et à sortir de l’Hexagone

Au-delà de la course à la taille critique sur le territoire français, les groupes leaders de la biologie misent sur l’innovation. En effet, les progrès réalisés dans le diagnostic et la surveillance d’un nombre croissant de cancers constituent un facteur très structurant de ce secteur. Citons Inovie, 2e groupe de biologistes libéraux indépendants, qui a constitué des pôles d’excellence (Inovie Fertilité, Imagénome, Inopath et Inovie Vet) et se positionne sur des activités innovantes et en forte croissance comme la biopathologie, les examens anatomopathologiques et les tests de génétique somatique, de génétique constitutionnels et de cytogénétique. La diversification passe aussi par le développement de la biologie vétérinaire et l’élargissement de l’offre vers des examens non pris en charge par l’Assurance maladie. Ainsi, Cerba Healthcare et Eurofins proposent un large éventail de tests liés à la prévention et au bien-être : bilans du microbiote intestinal, tests d’intolérance alimentaire, analyses hormonales dans le cadre des bilans anti-âge, bilans destinés aux sportifs… Enfin, certains mettent le cap sur l’international. Cerba Healthcare s’est ainsi récemment implanté en Afrique où il y développe un réseau de laboratoires en partenariat avec Lancet Laboratories. Autre exemple : Inovie a créé la filiale MENA(2) et a installé un plateau technique de 1 600 m2 dans la périphérie de Beyrouth.

Autant d’initiatives qui attestent du dynamisme de ce secteur et des enjeux stratégiques majeurs auxquels il est désormais confronté.

(1) Dans le cadre des négociations du nouvel accord triennal 2019-2022, l’Assurance maladie propose une augmentation des dépenses de 0,25 % en 2020, 0,5 % en 2021 et 0,75 % en 2022. Les représentants de la profession s’y opposent, arguant d’une progression tendancielle des prescriptions d’examens et de tests de l’ordre de 10 % par an en volume. (2) MENA pour Middle East and North Africa.

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LES ECHOS ETUDES 21 novembre 2019
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