Un marché de la complémentaire santé saturé et ultra-concurrentiel
Dans un marché de la complémentaire santé saturé (couverture de plus de 90 % de la population française, en incluant la CMU complémentaire), les acteurs historiques que sont les mutuelles 45 et les institutions de prévoyance (IP) ont vu émerger de nouveaux concurrents, sociétés d’assurance et bancassureurs, qui grignotent petit à petit leurs parts de marché. La concurrence s’intensifie entre les différentes familles de complémentaires, d’autant plus que les clientèles sont de moins en moins captives.
Dans ce contexte, comment vont évoluer les positions concurrentielles des acteurs ?
Les stratégies de différenciation des complémentaires santé
Ces approches passent notamment par :
- l’inclusion de services à valeur ajoutée autour de l’offre santé : tiers payant, plate-formes téléphoniques, réseaux de professionnels de santé, services à la personne, souscription en ligne, etc.;
- une plus grande modularité et une segmentation très fine des assurés, permettant de proposer des offres personnalisées au plus près des besoins des assurés
- tant en individuel qu’en collectif (émergence de contrats avec un socle obligatoire pris en charge par l’employeur et des renforts facultatifs à la charge des salariés) ;
- une diversification des activités vers l’assurance de personnes (prévoyance, épargne-retraite), l’assurance dommages (multirisques habitation, automobile, protection juridique) et les services bancaires (compte courant, crédit santé, etc.), par le biais de partenariats dans la conception ou la distribution de ces produits.
Quelles sont les stratégies mises en oeuvre les plus efficaces ?
La poursuite du mouvement de consolidation
Le mouvement de concentration est aujourd’hui porté par les mutuelles et les IP. La course à la taille critique répond à plusieurs impératifs :
- accroître la surface financière des organismes pour leur permettre de se diversifier vers de nouveaux segments de marché, mais également accompagner l’augmentation des dépenses de santé et le désengagement progressif de l’Assurance maladie sur certains postes ;
- répondre aux exigences prudentielles accrues par les directives européennes et notamment Solvabilité II ;
- disposer d’avantage de moyens sur le plan financier, informatique et marketing pour faire face à la complexification croissante du métier d’assureur complémentaire.
De nouveaux pôles ont ainsi émergé : Malakoff Médéric, Novalis Taitbout, les groupements Adréa, Eovi, Harmonie Mutuelles ou encore Radiance groupe Apri. La situation concurrentielle devrait encore évoluer, avec l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché (La Banque Postale, Matmut, GMF, etc.) et la poursuite de la consolidation (création en 2010 d’un nouveau poids lourd du côté des mutuelles de la fonction publique, Unités, proche du milliard d’euros de cotisations).
Quelle place pour les complémentaires santé face au désengagement progressif de l’Assurance maladie sur certaines dépenses de soins ?
Dans un contexte de déficit aggravé de l’Assurance maladie (
- 10,6 milliards d’euros en 2010, prévisions à
- 11,4 milliards pour 2011), la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011 prévoit de nouveaux transferts de charge sur les OC et les ménages, les mesures d’économie touchant le médicament mais également l’hôpital et la prise en charge des ALD.
Lourdement taxées depuis 2008 (augmentation de la contribution à la CMU, taxation des contrats solidaires et responsables, taxe exceptionnelle en 2011 et 2012 sur les réserves de capitalisation), les complémentaires santé vont devoir redéfinir, dans ce contexte difficile, leur rôle dans le système de santé et peser plus fortement sur l’offre de soins en se positionnant comme des financeurs actifs et des acheteurs de soins : information, conseil et orientation des assurés ; négociations tarifaires avec certains professionnels de santé ; financement des soins alternatifs à l’assurance ; actions de prévention et encouragement aux comportements responsables, etc.
Synthèse et perspectives
Cette partie présente l’ensemble des points clés développés dans chacune des parties de l’étude. La note de synthèse se conclut sur les perspectives d’évolution et de reconfiguration du marché de l’assurance santé complémentaire en France.
Les évolutions du marché de l’assurance santé complémentaire
- L’assurance santé complémentaire en bref : modes de souscription, métiers et canaux de distribution
- Les profils d’assureurs présents sur le marché de l’assurance santé complémentaire
- Les mutuelles régies par le Code de la Mutualité
- Les sociétés anonymes et les sociétés d’assurance mutuelle, relevant du Code des Assurances
- Les institutions de prévoyance
- Les nouveaux entrants : mutuelles sans intermédiaires et bancassureurs
- Un marché de 30,5 milliards d’euros en 2009, dont la croissance s’est fortement ralentie depuis 2005
- Valorisation du marché de l’assurance santé complémentaire
- Concentration et leadership au sein du secteur
- Palmarès des 30 premières complémentaires santé leaders en 2009
- La place de l’assurance santé complémentaire dans le financement des biens et des services médicaux
- Le champ d’intervention des complémentaires santé est de plus en plus large dans les soins ambulatoires
- L’optique-dentisterie et le médicament restent les premiers postes d’intervention des OC
- L’économie des contrats et l’évolution des tarifs
Les réponses stratégiques des AMC face aux enjeux du marché
- Les problématiques et les objectifs stratégiques par famille d’assureurs
- Les assureurs généralistes visent le renforcement de leur rentabilité financière et l’optimisation de leurs réseaux de distribution, face à la concurrence des bancassureurs
- Les assureurs mutualistes bénéficient de la fidélité de leurs sociétaires mais doivent innover pour défendre leurs positions
- Les bancassureurs, concurrents redoutables sur le marché de l’assurance santé
- Les mutuelles 45 et les IP sur la défensive
- L’impact de Solvabilité II pour les assureurs
- Inquiétude des assureurs face au module santé
- L’impact de Solvabilité II par familles d’assureurs
- Les stratégies de différenciation par les tarifs, les garanties et les services
- Différenciation tarifaire : un positionnement « low cost » pour attirer les assurés ?
- Segmentation des adhérents vs modularité ?
- Prise en charge des soins non ou peu pris en charge par l’AMO
- Prévention et programmes d’accompagnement patients
- Une offre de services toujours plus étendue
- Les politiques de gestion du risque
- Une augmentation inéluctable des dépenses de santé prises en charge par les OC
- Les politiques de gestion du risque mises en place par les complémentaires santé
- Accès aux données de soins et de remboursement : des OC « payeurs aveugles » ?
- Les plate-formes dédiées à l’analyse et à la validation de devis
- Volonté des AMC de peser sur l’offre de soins par l’intermédiaire de la constitution de réseaux de professionnels de santé
- L’orientation des assurés dans le système de soins
- Les stratégies de distribution dans un marché ultra-concurrentiel
- L’essor de la distribution multicanal
- Internet et la souscription en ligne
- Développement des réseaux physiques